La création, une nouvelle légitimité pour la marqueterie

Un peu d'histoire pour comprendre...

A la fin des années 80, un groupe d'artisans et d'artistes : marqueteurs, créateurs, plasticiens, qui ne se reconnaît pas dans les politiques culturelles publiques ni dans les normes de "l'art officiel", décide d'aller à la rencontre du public en organisant une manifestation emblématique.

Ainsi naissent les Rencontres Internationales de la Marqueterie, qui ne tardent pas à faire souffler un vent nouveau sur cet art appliqué, issu de la tradition artisanale.

Sous l'impulsion de Georges Vriz en France, mais aussi en Allemagne, en Hongrie, en Pologne aux USA, au Canada … des dizaines d'artistes font sauter les carcans techniques qui confinent la marqueterie au seul domaine de l'exécution, afin de lui redonner de nouvelles lettres de noblesse et un statut artistique à part entière.

Structure associative, exposition et colloque, les RIM deviennent le creuset d'un puissant élan créatif. Après les périodes florissantes des XVIe, XVIIe et XIXe siècles considérées comme autant "d'âges d'or" de la marqueterie, les années 80 semblent être le nouveau temps fort qui laissera une empreinte historique.

En 1989, Georges Vriz signe ainsi la préface du catalogue de l'exposition :

« ... Cette manifestation, unique en son genre regroupant quarante-cinq exposants représentant sept pays, fait la démonstration qu'à une époque où l'industrialisation banalise, standardise, dépersonnalise le cadre de vie de l'être humain, des artistes, des artisans amoureux de leur métier continuent à se consacrer à la satisfaction d'un besoin que plus d'un siècle d'industrie n'a pu faire disparaitre chez l'homme… Les RIM 89 nous montrent qu'il existe aujourd'hui d'authentiques créateurs en marqueterie, que ce métier d'art est bien vivant et qu'il ressurgit enfin de la poussière du passé... »

Deux décennies se sont écoulées depuis cette déclaration.

Propulsées par l'énergie de ses fondateurs, soutenues par un public spontanément enthousiaste et plébiscitées par de nombreux créateurs qui adhèrent au potentiel novateur du projet, les premières sessions des RIM connaissent un démarrage remarquable et remarqué.

Pourtant, ce succès commence à marquer le pas lorsque l'équipe historique qui animait le projet connait une première recomposition. L'absence de volonté pour redonner un nouvel élan à l'aventure casse la dynamique initiale.

La quête créative qui donnait tout son sens aux RIM disparait peu à peu. Cette perte de sens se manifeste par le retour d'un conformisme traditionnel qui n'a même plus la capacité de donner une véritable image du métier. Pis, les expositions qui se succèdent vont jusqu'à entretenir une forme de confusion en mélangeant des réalisations provenant du loisir créatif avec des travaux d'artistes, de professionnels et d'écoles qui finiront en grande majorité, par déserter la manifestation annuelle.

Les dernières expositions n'accueillent plus aucun créateur, au sens ou l'entendaient les fondateurs.

Faut-il annoncer aujourd'hui aux partenaires fidèles qui ont longtemps soutenu le projet, que tout ce travail n'a finalement servi à rien ?

Faut-il se ranger aux avis les plus conservateurs qui considèrent que la marqueterie connait son apogée avec le bouquet de fleurs du XVIIIe siècle ?

Force est de constater que nous sommes bien éloignés du moment où, en 1989, le maire du XIe arrondissement écrivait ces mots : « ... Sans nul doute, les Rencontres Internationales de la Marqueterie Contemporaine s'inscriront comme une manifestation d'avenir, pour la recherche dans l'art, le meuble et le design... »

Et pourtant...

Rendons nous sur Internet. Une courte investigation que nous étendons aisément au monde entier en quelques clics, offre immédiatement un panorama assez exceptionnel de la marqueterie et des talents qui s'exercent ici et là, tant en France que dans le reste du monde, des plus classiques au plus contemporains.

Les savoir-faire et les patrimoines sont toujours bien représentés mais nous remarquons aussi l'existence d'un réel courant artistique revendiquant la marqueterie comme moyen d'expression. Ici, le discours technique est relégué au second plan pour laisser le champ totalement libre à toutes les formes de création.

Comment alors, ne pas voir la persistance du lien intime entre métier et art appliqué qui fonda le projet des RIM ? Revenant aux motivations de leurs fondateurs, il faut bien reconnaitre, à la lumière des trois décennies passées, la pertinence de leur vision quand ils affirmaient que seule la création peut faire vivre l'art de marqueterie.

L’Association Le Génie de la Marqueterie Contemporaine souhaite renouer désormais avec l’esprit novateur et dynamique des RIM en redonnant du sens et de la vie au projet.

De nouveau, des artisans, des artistes : marqueteurs, créateurs, plasticiens, sont décidés à se rassembler pour montrer ce qui se fait de mieux. Une dynamique est en place qui est en train de se formaliser.

Redonner une légitimité à la marqueterie et aux arts appliqués connexes dans toutes leurs formes d'expressions contemporaines, tel est dorénavant l'enjeu de l'équipe du Génie de la Marqueterie Contemporaine, réunie et investie dans une association bien décidée à mettre en œuvre tous les moyens qui contribueront à la réussite du projet.